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Crise de l'Église ou crise spirituelle ?

Abbé François-Marie Chautard




  Crise de l'Église ou crise spirituelle ?





La vie chrétienne est une christianisation de la vie. Autant dire qu'elle embrasse tous ses aspects. On se sanctifie selon son tempérament, sa famille, son histoire, son pays, son sexe, son passé et aussi selon les circonstances providentielles dans lesquelles on est placé. Or, l'époque dans laquelle nous devons nous sanctifier est marquée par une crise sans précédent dans l'histoire de l'Église. Autant dire que cette crise doit être l'occasion providentielle d'un progrès de vie chrétienne. C'est précisément là que le bât blesse, tant nous sommes tentés d'esquiver la Croix du Christ et de ne pas la porter comme il convient. Pire, face à ce scandale du mal sans cesse renouvelé, deux écueils opposés nous guettent.




Le durcissement

Le premier est de se durcir devant le mal et surtout les fauteurs du mal. C'est d'ordinaire le propre d'une âme droite, généreuse mais encore trop remplie d'elle-même et pas assez de la miséricorde du Christ. Tel était le cas des Apôtres Jean et Jacques prompts à faire tomber le feu du Ciel sur les Samaritains, et heureusement freinés par Jésus-Christ lui-même.

Si le durcissement se poursuit, l'âme tombe dans le puritanisme voire le pharisaïsme où elle perd petit à petit le regard de pitié qui sied tant aux disciples du Christ. Son zèle devient amer et se caractérise par l'emploi abusif de l'ironie, l'abondance des jugements hâtifs et téméraires et la sévérité avec laquelle sa haine louable de l'erreur se reporte illégitimement sur les pécheurs.

Ce travers a plusieurs causes. Il peut en particulier provenir de ce que les auteurs spirituels nomment acédie. Ce mal, très tôt diagnostiqué dans l'Antiquité chrétienne, se caractérise par l'ennui de la vie chrétienne en ce qu'elle a de spirituel. C'est une sorte de torpeur qui envahit l'âme devant l'effort de la vie chrétienne et plus précisément face au bien divin. L'âme ne trouve plus de joie dans la vie intérieure, dans la contemplation, dans la prière. L'âme est comme ennuyée à l'idée de se plonger dans les vérités surnaturelles, dans les biens spirituels. Si l'âme succombe à cette torpeur, elle s'empresse de fuir son devoir spirituel puis son devoir en général, et elle le fuit selon son tempérament.

Pour certaines d'entre elles, la dérobade consistera à s'abstenir purement et simplement d'un devoir pénible : un peu de prière et d'adoration, un courrier en souffrance, une remontrance difficile à faire, etc. Pour d'autres, cela consistera à se donner un devoir là où il n'est pas. C'est la paresse active, de ceux qui sont prêts à tout faire… sauf ce que le Bon Dieu leur demande hic et nunc.

Cette acédie prend une forme particulière dans l'âme de certains zélotes. Leur ennui devant les exigences de la vie spirituelle trouve une honorable échappatoire dans le zèle amer. Parce qu'ils se refusent à mettre toute l'ardeur voulue dans la vie intérieure, ils s'excusent en s'adonnant à un zèle de la religion bien trop humain. Tel père de famille perdra son temps sur Internet, soi disant pour s'informer de la crise de l'Église qu'il vit avec ardeur… au lieu de se mettre à genoux. Telle femme partira en croisade contre toutes celles qui manquent à la modestie vestimentaire. Tel autre archivera toutes les publications « ennemies » qui lui semblent désastreuses. Pour utiles et bonnes que soient ces occupations en elles-mêmes, elles sont détournées de leur bonté morale par une intention acédique. Ce zèle humain camouffle l'absence de zèle pour la vie intérieure.

C'est un travers qui hélas, se rencontre plus particulièrement dans les milieux de la Tradition. Et pour cause : le zèle amer suppose d'avoir du… zèle. Et le zèle suppose d'avoir des principes, des règles de vie. Et tout le monde n'en a pas… du moins pas les mêmes.

Ce travers n'est heureusement pas sans remède (1), mais, avant de les indiquer, il convient d'en venir au second écueil.



L'amollissement

À l'inverse des précédents, d'autres chrétiens sont tentés de baisser les bras face au progrès du mal. C'est une tentation plus commune tant il est vrai qu'il est plus facile de succomber paisiblement que de lutter gaillardement. Alors qu'il faudrait tenir dans l'esprit de foi et hisser son âme sans cesse au-dessus de soi pour rejoindre Dieu, il est plus facile de rabaisser les exigences de la vie chrétienne et de céder au compromis.

Dès lors qu'une âme ressent de l'ennui pour la vie intérieure, ou se décourage devant les difficultés de la vie chrétienne, elle est vite tentée de trouver « des accommodements avec le Ciel ». Cette tentation prend des formes diverses, là encore, selon les personnes. Un Lammenais, un Sangnier sont des exemples d'un amollissement plus doctrinal, plus intellectuel et politique. Au lieu de réagir par un surcroît d'âme face aux difficultés d'une restauration de la « chrétienté », ils adaptèrent la doctrine chrétienne à leurs forces trop humaines. « À quoi sert de lutter pour défendre un ordre politique et chrétien dépassé ? semblait être leur pensée. Suivons l'évolution du monde permise par Dieu ». D'aucuns seraient tentés de succomber à cette tentation dans cette crise de l'Église. Ne faisons-nous pas fausse route en nous opposant au Concile, au pape, aux erreurs modernes ? Ne sommes-nous pas trop durs ? Arrêtons de condamner sans arrêt, arrêtons d'embêter les gens avec des histoires de jupe, de mantille, de messe ralliée ou non ralliée. Allons de l'avant, et laissons les grincheux derrière. La Fraternité Saint-Pie X est trop dure, et c'est pour cela qu'elle ne perce pas assez.

Ce type de langage fut tenu dans les années anté-conciliaires par nombre d'ecclésiastiques, déçus de voir le peu de succès de leur apostolat et la déchristianisation de leur pays. La solution semblait toute trouvée : puisqu'on n'arrivait plus à changer le monde, il fallait changer les méthodes d'apostolat. Et ce fut l'aggiornamento. De même, devant la crise de l'Église qui dure, on pourrait être tenté de succomber au découragement et au compromis. Cette tentation, bien compréhensible, bien humaine, reste une tentation. Et c'est la tentation de fuir les moyens surnaturels pour se rabattre sur des calculs humains, des solutions biaisées, simplistes ou sophistiquées.

L'amollissement peut prendre une autre forme, « surnaturaliste » cette fois. Au lieu de vivre dans cette crise de l'Église et de se sanctifier dans ce combat doctrinal, on fuit la lutte pour se réfugier dans une « mystique » de la prière, de la piété où le combat pour la foi passe au second plan. C'est une manière de vouloir la sainteté hors de la crise de l'Église et donc des exigences réelles de la vie chrétienne.

C'est aussi mettre la vertu morale de piété avant la vertu théologale de foi, c'est placer son « confort » spirituel avant l'honneur du Christ. C'est une nouvelle forme de quiétisme qui n'est qu'une forme de l'acédie plus subtile et parée de mysticisme.

En bref, lorsqu'une âme éprouve de la lassitude devant les exigences de la vie chrétienne, elle peut tendre à modeler ces exigences sur ses forces toutes humaines.



Le remède : la vie intérieure

L'équilibre est délicat entre ces deux excès. Devant le raidissement ou le découragement qui guettent les chrétiens heurtés par la crise de l'Église, notons tout d'abord que nous ne sommes pas jugés sur les résultats mais sur notre charité combative au service de Dieu comme le rappelait si bien Juan Donoso Cortès aux catholiques si prompts à se décourager :

« Et qu'on ne me dise pas que, si la défaite est certaine, la lutte est inutile. En premier lieu, la lutte peut atténuer, adoucir la catastrophe et, en second lieu, pour nous qui nous faisons gloire d'être catholiques, la lutte est l'accomplissement d'un devoir, et non le résultat d'un calcul. Remercions Dieu de nous avoir octroyé le combat ; et ne demandons pas, en sus de cette faveur, la grâce du triomphe à celui dont l'infinie bonté réserve à ceux qui combattent généreusement pour sa cause une récompense bien autrement grande et précieuse pour l'homme que la victoire d'ici-bas ».

Notons également une différence majeure entre ces deux écueils. Comme le rappelait le R.P. Calmel, il est plus grave de tomber dans l'amollissement doctrinal que dans le durcissement. « La première attitude est quand même meilleure parce qu'elle respecte la vérité révélée et qu'elle annonce un message non falsifié »(2).

De plus, « Dieu vomit les tièdes ». Mais surtout, on ne se remet jamais de la perte des principes. Notre-Seigneur disait des pharisiens : « Faites ce qu'ils disent mais ne faites pas ce qu'ils font ». On ne peut en dire autant des mous et des libéraux, précisément parce qu'ils s'opposent ou renoncent aux principes.

Quand un principe est asséné avec toute la raideur d'un axiome et la diplomatie d'un bûcheron, il peut effrayer dans sa rigueur, mais la vérité demeure. Elle n'est peut-être pas éclairée par l'exemple, réchauffée par la charité, revêtue de délicatesse et de beau style, mais elle existe et une âme bien née pourra toujours en reconnaître le vrai visage.

Mais quand un principe est abandonné, son dilapidateur peut être aimable à souhait, bien élevé, à l'aise dans un salon, beau discoureur, il reste un beau lampadaire privé de sa flamme qui n'éclaire plus personne.

Il n'y a donc pas équivalence entre les deux excès et il est bon de se le rappeler.

Que faire ? S'il est vrai qu'une réforme est nécessaire, elle ne peut être que celle de la sainteté, d'une vie plus intérieure, plus contemplative, plus apostolique (3).

Dans les deux écueils que nous avons signalés, l'une des causes communes est cette fuite d'une vie intérieure, d'une lassitude des biens spirituels. Or, tous les auteurs spirituels sont unanimes, le goût des choses de Dieu ne peut être retrouvé que par une immersion plus grande dans ces biens spirituels, car, à l'inverse des biens matériels dont l'assouvissement n'apporte qu'insatisfaction, la contemplation et l'amour des biens spirituels en engendrent un plus grand désir. En ce domaine plus qu'ailleurs, la maxime se vérifie : l'amour engendre l'amour.

Ce n'est donc pas d'un durcissement moral que le monde a besoin mais d'une miséricorde à la mesure de son mal, de sa maladie. Et seul le contact privilégié avec Dieu, d'une foi nourrie de la contemplation aimante, peut donner cette onction bienfaisante qui adoucit le remède nécessaire mais éreintant d'une vérité forte.

C'est encore moins d'un amoindrissement doctrinal que le monde a besoin. Il ne s'agit pas de changer nos positions doctrinales ou morales dans la crise de l'Église, il ne s'agit pas non plus de se contenter de les prêcher dans leur pureté, mais il s'agit de les contempler et d'en vivre d'une manière plus authentique, plus sainte pour être plus à même de les transmettre. Et seule une vie intérieure ardente, placée sous la lumière de la foi, nourrie de l'étude et de la contemplation, fortifiée de la méditation et de la fréquentation plus fervente de la messe et des sacrements de l'Église, peut conserver dans une âme l'équilibre entre l'amour ardent et fidèle pour la pureté de la doctrine et l'amour miséricordieux et patient pour l'âme humaine.

En bref, que les principes de la vie théologale restent des principes. C'est-à-dire qu'ils existent et s'exercent. Qu'ils soient la source d'une vie de contemplation et de foi communicative qui rayonne sur tous les aspects de la vie chrétienne.

Seule cette réforme pourra faire de la Tradition ce qu'elle doit être : le fer de lance, ou pour prendre une image plus évangélique, l'apôtre du monde. Et cette réforme intérieure doit être la résolution de tout un chacun.

La vérité doit être transmise par des apôtres qui soient comme des « incarnations de surcroît » de Jésus- Christ, où la vérité et la charité ne font plus qu'une seule chose comme une flamme qui éclaire et réchauffe tous ceux qui s'en approchent (4).

Abbé François-Marie Chautard, recteur de l'Institut Saint-Pie X

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